1500 - 1800

Quels étaient les grands centres du marché de l’art en Europe au 18e siècle ? Qui en étaient les acteurs ? Dans quels réseaux professionnels et familiaux ces derniers s’inscrivaient-ils ? Où étaient situés les marchands de tableaux à Paris au siècle des Lumières ? A quoi ressemblait l’activité du marchande du Pont Notre Dame et la boutique de son plus célèbre occupant, François-Edmé Gersaint ?

La base de données et les applications de visualisation proposées ici visent à restituer sous une forme inédite les résultats d’une équipe de chercheurs qui se sont penchés – entre autres – sur ces questions, dans le cadre du projet Art Markets in Europe. Emergence, Development, Networks, 1500-1800, soutenu par l’ANR.

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Paris, 1800. Les lieux du marché de l’art

Cette cartographie, encore exploratoire, permet de visualiser les lieux du marché du tableau à Paris à la fin du 18e siècle. Le commerce de l’art vit alors un moment charnière : Paris, où se concentraient les grandes ventes aux enchères au milieu du 18e siècle, cède définitivement la prééminence à Londres au moment de la période révolutionnaire et napoléonienne. Les deux cartes du marché de l’art parisien, en 1776 et en 1803, montrent l’articulation de la géographie marchande et des quartiers artistiques traditionnels, polarisés par les institutions artistiques (Académie royale, académie de Saint-Luc) et les quartiers traditionnels marchands (Pont Neuf et quais), et attirés par la proximité du Faubourg Saint Martin, où se concentrent les hôtels particuliers des acheteurs.

Sans modifier en profondeur la géographie du marché de l’art, les événements révolutionnaires favorisent une concentration et un regroupement du marché de l’art dans un triangle délimité par la rue Saint Denis à l’Est et dont la pointe serait la place de la Concorde (ancienne place Louis XV). Une telle concentration géographique des marchands et des hôtels de vente reposait sans doute sur l’intrication des relations familiales, économiques (par le biais du crédit) et commerciales entre les marchands.

L’enquête est fondée sur le dépouillement de deux almanachs, qui livrent noms et adresses des marchands : l’Almanach historique et raisonné de l’abbé Le Brun (1776-1777) et l’Almanach des beaux-arts (1803). En raison des modifications urbaines, deux fonds de cartes différents sont utilisés (Esnaults et Rapilly, 1787 et Esnauts et Rapilly, 1801). L’enquête vise également à restituer, là encore de manière exploratoire, l’environnement visuel du Paris du marché de l’art. D’autres sources ont donc été utilisées afin d’illustrer la présente application : cartes de visite des marchands (collection de Waddesdon Manor) ; frontispices de catalogues de vente ; vues d’hôtels de vente et du quartier du Louvre.